En son jardin 2

Publié le par lesamisdelami

 

 

Champ de coquelicotsA l’occasion d’un festival mêlant joyeusement art, sciences et environnement, je fus invitée à remplacer au pied levé une intervenante absente, j’héritai d’un sujet :

« du jardin au jardin intérieur », et d’un lieu du rendez : un petit jardin public. 

 

 

Nous voici donc à l’heure dite devant un parterre fleuri, à laisser monter en nous ce que les plantes disent aux curieux, à sentir comment elles s’adressent à nous, les émotions qui naissent, difficiles à partager en ces moments où il semble que pour une fois, on voit vraiment ce que nous avons sous les yeux… et puis cela vient, s’exprime.

Le fleurissement des villes, le printemps perpétuel, la permanence par le renouvellement des plantations, nous font oublier que dans la nature tout est rythme.

 « ville fleurie», lit-on à l’entrée de la ville, l’image prime, l’image qui ne relie qu’à des images, l’impression est rejetée au profit de l’image, on ne garde plus que l’esthétique ou l'économique. Au plaisir des yeux ... sacrifions.

 

Je crois me rappeler avoir entendu Pierre Lieutaghi dire que l’homme s’éloignant de la nature se rapproche des plantes, plantes des parterres fleuris, plantes d’appartement, ainsi naissent nos émotions, oh combien partielles !

 

Les signes proposés par les plantes à notre perception sont nombreux, ils s’adressent à notre intelligence humaine, tous nos sens peuvent être en éveil, couleur, odeur, toucher, goût, saveur. On ne touche plus une écorce, une plante sauvage, seuls quelques cueilleurs reconnaissent au toucher une salade sauvage. Toutes les plantes sauvages comestibles ont du goût, ont un grand pouvoir de suggestion mais notre pauvreté actuelle fait que nous rejetons ce qui est amer, ce qui a un goût fort ; le sucré, le doux attirent. Certaines odeurs appréciées par les uns sont fort déplaisantes pour d‘autres. Les qualités que manifeste un végétal ont un écho en nous.

 

Les plantes sont support d’imaginaire, de mémoire à travers les espaces de la Terre et du temps ; les symboles et croyances que véhiculent ces plantes sont puissants ; cela suppose que nous les connaissions, muguet, rose, chrysanthème parlent mais qu’évoquent pour nous ces plantes lointaines, belles sans parfum, dont nous ne connaissons pas le nom, présentes dans les parterres fleuris de la ville ?

 

Nous avons poursuivi notre rencontre ce jour-là au pied d’un olivier centenaire, du cyprès placé à l’entrée du jardin, d’un amandier fleuri qui survivait péniblement dans un coin du jardin ; la suite de nos découvertes dans un prochain article… à moins que des amoureux des arbres écrivent la suite, pourquoi pas ?

 

 

 

 

J’écrirai en conclusion car je partage depuis des années avec des amis ces rencontres, par expérience propre je peux dire que les plantes sont des repères de construction mentales et sociales, qu’elles participent à la représentation du monde, et structurent l’individu.

 

Serons-nous comme l’a joliment dit Pierre Rabhi « des hommes hors-sol »?

 

La désacralisation de notre environnement procède de notre ignorance totale de la manière dont la nature opère.

Commençons avec humilité à étudier ce que la nature nous enseigne au lieu de la corriger.

L’homme qui aujourd’hui ouvre petit à petit sa conscience aux plans subtils, a besoin de coopérer avec les royaumes de la nature.

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