Le train

Publié le par lesamisdelami

Capture d’écran 2014-03-10 à 07.15.43

 

 

Yvan trouvait merveilleuse une image que Ramana Maharshi, un grand saint de l’Inde, donnait quelquefois à ses élèves : «  vous me faites penser à des voyageurs qui seraient dans le train et qui continueraient à porter leur valise ».


Il rappelait alors qu’il fallait d’abord que quelqu’un nous dise : " vous êtes dans le train  et que vous entendiez : «  Je suis dans le train, je porte ma valise, et je ne peux pas la lâcher ».

 

Où il est question de la valise

La valise, c’est toute une histoire et vous ne connaissez rien d’autre que votre valise.

Une valise, c’est une vie toute entière, une histoire personnelle, date de naissance, histoire des parents, premières croyances...

Les gens sont tellement affairés à porter leur valise, qu'il est devenu normal pour eux  de la porter.

Il y a des gens qui vont vous faire explorer les petits slips, les caleçons… tout ce qui a été mis dans la valise. Explorer, c’est en fait en rajouter.  C’est ce que l’on appelle chez nous la psychanavalise, mais la valise, vous n’allez rien faire d’autre avec… On peut faire des concours de valises avec les copains, la mienne est plus belle, plus grosse, c’est une copie italienne…Cela peut aussi alléger la valise… et éventuellement relâcher la crispation pour que commence à grandir en nous une autre qualité d'écoute.

Voulez-vous être des porteurs sains de valise ou entendre le train ?

 

Où il est question du porteur…

Il se trouve que maintenant cette idée de lâcher la valise  semble être une très bonne idée, quelque chose de bon à mettre dans la valise. Et vous voilà prêts à mettre cette idée dans la valise avec tout le reste ! Si bien que vous ne vous soumettez qu’à l‘idée que vous mettez dans la valise et vous gardez la valise avec vous ; vous avez une nouvelle façon de la porter, vous êtes porteur-poseur mais vous continuez à la porter parce que vous ne connaissez rien d’autre !

Devenir poseur de valise est une nouvelle stratégie, mais le poseur est un autre porteur !

Eventuellement, vous pressentez que le train peut exister, vous constatez le côté ridicule de la situation, mais vous ne pouvez pas vous débarrasser de la valise.

 

Où il est question d’enseignement essentiel


«Tu es dans le train, tu es Cela, seulement tu ne peux pas t’en rendre compte maintenant. Mais tu vas te rendre compte que tu la tiens, que tu la portes, que tu y es très attaché. Prends conscience,  rends-toi compte que tu ne peux pas la lâcher.

Quand on enseigne, quand on dénonce le faux, on ne condamne pas, on ne rend pas coupable, on ne demande pas à quelquun , sous prétexte quon lui a dit quil était dans le train et que cependant il continue de porter sa valise, on ne lui demande pas de poser sa valise et on ne le rend pas coupable de ne pas y réussir, surtout pas. Regarde cela, explore cela, mais sans te rendre responsable de ne pouvoir la poser… sinon tu vas souffrir deux fois plus : on va te faire comprendre que tu es dans le train, ce que d’abord tu ne sens pas…, que tu portes ta valise et qu’en plus tu n’arrives pas à la poser.

Ce n’est jamais le dénonciateur du faux qui s’éveille, ce n’est jamais le porteur de valise qui la pose… »


Dénoncer le faux, c’est voir qu’on porte la valise, voir comment cela fonctionne, et à ce moment-là, on va avoir une façon plus relax de porter la valise… parce qu'on est moins dupe.


« Lorsque vous avez mis en évidence ce mécanisme–là, vous pouvez mieux écouter le train… Déjà de rencontrer celui qui ne porte pas de valise, c’est rencontrer le train. Quand il vous parle, il ne vous parle pas comme quelqu’un qui est sur le quai de la gare, il parle comme quelqu’un qui est dans le train et vous le fait sentir, vous le fait entendre, tcheu, tcheu, tcheu… »

 

Où il est question de travail…rien de surprenant, n’est-ce pas ?


 Pour pouvoir l’entendre il y  a un travail. L’enseignement doit te le dire.

Il va te dire : « tu es porteur de valise, c’est sûr, mais tu vas pouvoir te libérer de la responsabilité d’avoir à la poser, de la culpabilité de ne pas pouvoir la poser. Si tu es face à un enseignement qui te dit que tu es porteur de valise, tu dois la poser et qu’il t’oblige à être poseur de valise, il te fait mal.

Il va te coincer dans une culpabilité, et tu te culpabilises de n’être pas poseur de valise. On veut être l’auteur de cette affaire-là, l’auteur de sa propre réalisation. Et bien non, c’est le train qui pose les valises. Personne d’autre et ça c’est la joie de la liberté… »

 

Tant que tu ne l’as pas entendu, tu ne connais que la valise…et l’instructeur... Il est là pour nous rappeler que nous sommes dans le train,  évoquer le souvenir du train en nous et nous permettre parce qu’il y a eu cette évocation, ce souvenir vivant, de le remémorer, de pratiquer le souvenir.

L’entendre c’est être. Le train pose la valise.

- Est-ce définitif ?

- Pas nécessairement, il y a des moments où tu l’entends, et puis cela s’échappe à  nouveau.

Traditionnellement, lenseignement énonce les étapes :

entendre, écouter, considérer.  La considération profonde de largument du réel,   la dénonciation du faux, la pratique du souvenir.

-    Et la soumission ? 

-    Plus tard.

 

Où il est question dabandon...

 

Labandon est la clé de voûte de la démarche, sil ny a pas cet abandon-là, il ny a rien.

Labandon ne relève pas de lintérêt personnel – on ne peut pas décider dabandonner.

Le moi na été quune résistance à la providence divine.

La résistance est la preuve même de labandon, la preuve même de Dieu. Seulement il faut quau cœur de cette résistance, il y ait lintuition que la nature de la résistance doit son existence à labandon. Quand cest senti, cette résistance se dilue, dans ce mouvement de reconnaissance.

 

 

 Extraits des cassettes juin 89 à Toulouse, 142, 161, 230, dentretiens en Israël dec 1992, (cassette 1) ; successivement, au long des entretiens, il fut question de la valise, du porteur, du train, en dautres termes de la dénonciation du faux, du souvenir, de labandon et de la soumission.

 

Ramana Maharshi

 

 

 

Ramana Maharshi,


Il est un des plus grands sages et maîtres spirituels de l'Inde moderne, il transmettait l'ancienne sagesse de l'Advaita-Vedanta sous une forme nouvelle,  simple et claire,

basée sur sa propre expérience, rendant accessible à l'homme d'aujourd'hui la voie de la connaissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans ARTICLES

Commenter cet article