Première rencontre avec Mister Lee Lozowick
Première rencontre avec Lee en 1992, il y en eu d’autres par la suite quand Lee et sa tribu venaient en France.
La salle est comble, près de 400 personnes, la venue de maîtres invités attire toujours plus de personnes, voir Lee avant même de l’entendre donne déjà une dimension surprenante à l’entretien.
Yvan confiant et amusé nous regarde.
L’inconnu se révèle rapidement peu traditionnel, brillant, plein d‘humour, provocant.
En petit groupe, il partage volontiers souvenirs et anecdotes. Aucun jeu de pouvoir, il ne rate pas une occasion de te ramener à toi par des chemins improbables.
Près de lui nous rions au moins autant qu’auprès d’Yvan ; je me rappelle peu de ses paroles, Yvan est complice, admiratif, « le travail » s’accomplit, Lee nous donne le meilleur, nous fait goûter ces instants où notre fonctionnement habituel interrompu s’efface… le grand jeu !
Ce dont je me souviens, c’est de sa constante attention aux détails du quotidien, aux détails concrets de la vie, il supervisait tout : avant de quitter le lieu, il vient vérifier que tous les membres de sa tribu étaient bien assis dans les voitures, le siège du bébé bien fixé...il prend soin…
Une question posée lui donna l’occasion de dénoncer le rêve romantique spirituel, il invitait à la responsabilité au quotidien ; la vie de famille, la vie sociale, la vie au sein de l’assemblée, cela lui tenait à cœur.
Lee se référa souvent à son maître hindou, Yogi Ramsuratkumar, lui-même disciple de Swami Ramdas auprès de qui il se rendait chaque année. Il insista sur cette relation décisive. Il décrit le Maître, comme occasion de se reconnaître nous-même quand, dans le maître, nous reconnaissons notre nature vraie.
Fort joliment il parlait du chemin suivi avec lui.
A un questionneur, il demanda :
- décrivez-nous ce que vous connaissez de l’état sans égo ?
Lee posa la question et fit la réponse :
« Il est vrai que l’on ne reconnaît, je pense, que ce que l’on connaît inconsciemment et que nous cherchons à retrouver cela pour le connaître consciemment.
J’ai l’impression d’avoir affaire à quelque chose d’évident, il y a aussi en cette circonstance, le sentiment « je ne suis pas là », et c’est ce que je veux, la résonnance de plus en plus profonde donnée par la bénédiction du maître. Je ne peux pas reconnaître l’état sans égo quand j’exerce la puissance de ma volonté… c’est plus facile à dire qu’à faire mais tu peux toujours essayer. »
Et Lee d’ajouter : si je savais véritablement, je me serai penché, j’aurai respiré le parfum d’une rose et me serais rassis.
-Et si nous prenions une rose, propose Yvan,
S’en suivit un exercice, décrit par Gilles, comme si nous étions non-voyants.
Yvan prend une rose, Yvan donne une rose à Lee, Lee respire le parfum de la rose et puis silence, nous respirons un moment béni pendant quelques secondes, l’égo a abandonné la partie.
A Mo'Adim
Deux anecdotes, deux enseignements !
L’arrivée de Lee à Mo’adim :
L’entretien est prévu à 10h, Lee arrive au volant d’un van avec quelques élèves à 8h.
Je vois Lee descendre du van, s’avancer, d’un regard il balaie le lieu, je lui offre un bouquet de violettes que je viens de cueillir, en deux bouchées il les avale… et nous rions franchement.
Avec un ami nous l’accompagnons à l’intérieur, nous lui proposons de prendre le petit déjeuner avec les quelques élèves qui sont là ; tout le monde s’assoit, dévore, cause, les rapports sont simples, détendus, sans crainte, on déjeune tranquillement.
C’est alors que je pense à prévenir Yvan de cette arrivée matinale : il confirme son arrivée à 10h !
Nous accueillerons Lee comme bon nous semble.
Et le temps passa, simplement ...
En fin de matinée, ayant cru entendre Mister Lee parler à Yvan de la qualité de notre assemblée… fiers de cette reconnaissance…nous partons partager notre bonheur avec Yvan …qui fit aussitôt cette mise au point :
« Lee parlait de la qualité d’accueil de l’assemblée pas de l’assemblée, ce n’est pas la même chose ! »
Yvan n’est plus, nous serons à Chardenoux avec Lee et Chandra Swami plusieurs jours.
Une disciple de Swamiji pose une question, le ton est celui d’une victime bien intentionnée :
- Mon mari vient de me quitter, que pouvez-vous me dire …
Swamiji se tourne vers Lee, l’invite à répondre. Et la réponse vient :
- Pauvre homme, il ne sait pas ce qu’il perd en fuyant…
et il développe, parle du malheureux mari, n’accordant semble t-il aucune attention à la plaignante… visiblement il ne répond pas à sa demande… le rythme lent de la traduction nous laisse entendre deux fois la réponse, la dame est insatisfaite, de la salle montent des murmures… Les auditeurs prennent parti, les uns sont assommés, d’autres s’amusent de voir le jeu mis en place, la provocation, et sur cette réponse, la dernière de la matinée, nous quittons la tente.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais il n’en fut rien, la dame voulait la réponse de Swamiji, les « responsables » s’opposaient, critiquaient, discutaient, finalement la question fut reposée à Swamiji, la dame eut la réponse qu’elle espérait, et toute la compassion dont pouvait témoigner Swamiji…
Yvan, bien avant cette rencontre avec Lee, avait attiré notre attention, nous rappelant :
« Regardez, qui va critiquer Osho, qui va critiquer Mr Gurjjieff, qui va critiquer tel ou tel maître ? Uniquement ceux pour qui l’enseignement est un assemblage de mots à partir duquel on fait des croyances, on alimente des préjugés.
Qui a le droit de critiquer des êtres comme ça. ?
On doit d’abord payer le prix du chemin. Quand on a payé le prix du chemin, quand on a pris la peine de vérifier dans son vécu la teneur de ces arguments-là.
Alors, c’est sympathique d’entendre ceux qui ont vérifié ça …
Extrait de la K7 n° 269