Nasrudin, moine mendiant.

- Yvan, quand tu dis qu'on risque d'être mangé par l'autre, un autre que le divin, l'autre n'est-il pas le divin aussi ?

- Oui, mais si tu ne le reconnais pas, tu as fait les frais du repas. [Rires]

Il faut être clair là-dessus. Reconnais tu le divin en tous ?

C'est Nasrudin, en ce temps là, il était moine mendiant. 

Tous les matins, en compagnie de trois autres moines mendiants, ils s'en allaient mendier.

Ils se séparaient à un carrefour, chacun partait de son coté, puis, au bout d'une heure,

ils se retrouvaient au carrefour, rentraient chez eux, et mangeaient ensemble.

Et voici qu' un beau jour, au carrefour, ils attendent Nasrudin...

Au bout d'une heure, Nasrudin n'est pas revenu,

Au bout de deux heures, ils commencent à s'inquiéter.

Ils vont sur le chemin que Nasrudin a pris pour aller mendier.

Au bout d'un moment, ils le voient dans le fossé couvert d'ecchymoses. Il a été battu

comme plâtre, il est là encore à demi-inconscient. Ils s'approchent de lui, ils essayent

de le mettre un peu sur pied. L'un d'eux lui fait boire un peu du lait qui lui a été donné le matin même.

 Alors ce moine lui dit :

-Tu me reconnais, tu me reconnais ?

Nasrudin le regarde et lui dit:

- Celui qui me donne du lait maintenant est le même qui me battait tout à l'heure.

                                                   * * *

Quand ton degré de reconnaissance de l'Un est à ce point là, alors oui, tu peux dire que, quel que soit celui qui me mange, c'est le divin qui me mange, mais si c'est simplement une information pour faire passer la pilule, il y a un moment en toi où il va y avoir une colère qui va monter parce qu'au fond tu n'es pas d'accord, parce que tu ne le vis pas. 

Il n'y a rien de plus nocif dans une démarche comme la nôtre que de vivre en fonction d'une information spirituelle qui estjuste mais qui n'est pas vraie pour nous. Qui n'est pas vrai pour nous parce qu'elle n'est pas vécue.

Il n'y a de vérité qu'une vérité vécue.

Yvan