Nasrudin est mort
Nasrudin est déjà âgé, lorsqu’un jour, au bazar, succombant à la chaleur, il est pris d’un malaise qui l’oblige à s’allonger sur le sol.
- Il est mort, constate un chaland qui s’est précipité pour lui porter secours.
D’autres personnes se pressent, de plus en plus nombreuses, et tout le monde aboutit à la même conclusion.
On se dépêche, qui d’aller chercher un linceul, qui de prévenir les autorités.
Cependant Nasrudin est peu à peu revenu à lui, bien qu’ils soit trop faible encore pour se relever.
- Les amis, murmure-t-il, vous vous trompez, je ne suis pas mort.
- Mais si, Nasrudin, tu es mort, et nous allons te faire un bel enterrement, si c’est cela qui t’inquiète.
- Je suis vivant, je vous assure, et j’ai des affaires importantes qui m’attendent.
Mais voici le linceul. On enveloppe le défunt ; quatre hommes en empoignent les coins, et en avant pour la mosquée.
Chemin faisant, le cortège croise un marchand qui connaît bien le trépassé.
- Nasrudin est mort, lui apprend-on, et nous allons à la mosquée pour la veillée funèbre. Viens avec nous.
- Non, non, répond l’homme, je n’ai pas le temps.
- Allons, viens, tu avais de l’amitié pour lui.
- Certes, mais je suis pressé, je vous dis : j’ai des affaires importantes…
Là-dessus Nasrudin sort la tête du linceul :
- Allons, viens donc ! Moi aussi j’avais des affaires importantes et je n’en ai pas fait, comme toi, toute une histoire…
Merci à Alain