Le '' tiers implicite '' et soumission…
Le tiers implicite apparaît lorsque nous ne sommes plus en relation évitée.
La relation évitée, c'est la rencontre de deux victimes.
Quand je reste victime de l'autre, quand je reste complètement prisonnier(e) de mes mécanismes, et que je suis en protection, en défense et en refus, donc dans une relation évitée, il n'y a pas de tiers implicite, il n'y a que la relation évitée.
Le propre même de l'absence de tiers implicite, c'est la rencontre de deux victimes.
Quand je pratique la relation consciente, je deviens disciple de ce dont j'étais victime… au lieu d'être victime de l'autre, je deviens disciple.
Le tiers implicite, c'est le résultat de la rencontre de deux disciples, c'est le résultat immédiat…
Mais on n'est pas disciple immédiatement, on est d'abord victime.
Puis on est victime consciente et, quand je vous ai présenté le tiers implicite, je vous l'ai présenté de la façon suivante : d' abord deux êtres se rencontrent et opposent leur expérience de victime, et opposent donc que des intérêts personnels… on est dans un marchandage, dans une tractation, on est '' j'aime – j'aime pas'', '' je prends – je repousse '' !
Une rencontre comme ça, qui n'est qu'une rencontre d'intérêts personnels, se fait le plus souvent de façon complètement automatique, mécanique… on est victime prisonnier(e) de ses croyances, de ses peurs et ne fonctionnant que sur l'intérêt personnel.
Quelqu'un qui est averti, qui commence à entendre l'Enseignement va devenir de plus en plus conscient… il devient une victime consciente, consciente des mécanismes de l'intérêt personnel, des mécanismes de la croyance, des mécanismes de la peur qui alimentent la relation et qui font qu'il n'y a pas véritablement relation, il y a ce qu'on appelle relation évitée.
Le fait d'être de plus en plus conscient de ça, de pratiquer une relation consciente avec l'autre renvoie d' abord à ces mécanismes de victime en soi.
Et à ce moment-là, plutôt que d'être victime de l'autre, on prend le risque de devenir disciple de l'autre… c'est-à-dire, permettre à l'autre de nous renvoyer aux mécanismes qui font de nous la victime.
Au fur et à mesure où ces mécanismes sont vus, où on vit vraiment la relation consciente comme une pratique, il y a ce relâchement et à ce moment-là, l'accent se déplace… dans ce relâchement, il y a quelque chose qui est pressenti, qui n'est plus de l'ordre ni du moi ni de l' autre mais de ce qui relie, de cette relation qui est en fait l'Un s'exprimant dans le jeu de l'autre et de soi ; mais cet Un qui est reconnu à ce moment-là, il n'est pas reconnu comme appartenant à l'autre ou m'appartenant, il est reconnu comme le jeu de la Relation ; cet Un reconnu là, c'est celui que j'ai appelé le Tiers implicite.
C'est ce qui n'est ni le moi, ici, ni l'autre, c'est ce qui joue au travers de cette relation, et cela grandissant prend conscience de lui-même au travers de cette relation ; c'est ça que j'ai appelé le tiers implicite.
Il apparaît au départ comme un troisième terme mais il est continuellement présent dans le fait que les deux existent ; mais au départ il est refusé.
Chacun reste dans sa situation de victime, dans son univers fermé.
Quand on prend le risque de s'ouvrir à l'autre, il commence à se faire un échange qui nous permet de voir à quel point on perpétue des mécanismes qui nous enferment. Et au fur et à mesure où cet échange se déploie, que ces mécanismes sont vus, qu'on rentre moins dedans au cours de la relation, alors on pressent qu'il existe autre chose de plus vivant qui n'appartient ni à l'autre ni à soi.
Lorsque ça commence à vivre, c'est quelque chose qui ne peut pas être associé à cette personne ; si le parfum de l'écoute lorsqu'il vit n'est pas associé à ta personne mais à la nature de ce qui est, OUI, et en plus, il y a dans le tiers implicite, cette notion dynamique de tout qui est relié, de tout qui est en relation.
Et en fait, il y a une Intelligence vivante, une Intelligence de l'ensemble qui préside à la relation des parties, et cette Intelligence de l'ensemble, la première fois où on peut en prendre conscience, c'est dans une relation consciente où ce n'est plus ni la protection vis à vis de l'autre, ni l'intérêt de l'autre qui apparaît, mais c'est de plus en plus le lien, la relation, cette Force grandissante qui se sert de tout ce qui existe pour se déployer.
Mais en un premier temps, on va le sentir avec une personne, mais tu vas le sentir avec l'univers tout entier.
Dans le Christianisme, cette Force là, c'est ce qu'on appelle le Saint Esprit.
Pour moi, c'est ça le Saint Esprit.
Quand tu prends le risque de faire exister l'autre et de faire exister la relation, à un moment donné la relation devient plus vraie que l'autre et toi et quand c'est la relation qui est plus vraie, ce qui est important à ce moment-là, c'est l'Intelligence qui anime cette Force que nous appelons la relation et cette Intelligence qui anime cette
Force là, c'est l'Intelligence de l'ensemble, c'est l'Intelligence du Grandir ; c'est pour ça, quand on parle de relation consciente et que l'accent se met sur la relation, à ce moment-là ce n'est plus un intérêt personnel, c'est l'Intention qu'on sert, c'est le Grandir.
C'est que les deux vont grandir dans la relation consciente.
Dans la relation consciente, il n'y a pas de perdant - pas de gagnant ; il y a un processus, à partir de l'Intelligence de la relation, qui grandit.
Et être de plus en plus conscient de ce Tiers implicite, c'est-à-dire la relation, c'est être de plus en plus conscient de la relation en tant qu'expression d'un processus dynamique qui est l'Intelligence de l'ensemble et qu'on a appelé ici le Grandir vrai et l'Intention.
Et ça quand on le sent, automatiquement, la partie que nous croyons être se rend à cette Intelligence, c'est la soumission ; c'est au travers de la relation consciente quand on commence à pressentir l'Intelligence qui est derrière la relation, on pressent l'Intelligence qui est derrière l'ensemble.
Quand la partie à laquelle nous nous identifions pressent l'Intelligence de l'ensemble elle se soumet parce qu'elle sent à ce moment qu'il n'y a que l'Intelligence de
l'ensemble qui peut savoir vraiment ce qui est bon pour la partie. Et ce n'est jamais une transaction avec les autres parties qui peuvent nous faire comprendre ce qui est bon pour la partie.
C'est quand c'est l'Intelligence de l'ensemble qui s'exprime dans la partie que la partie sait ce qui doit être fait, mais à ce moment-là c'est l'Intelligence qui s'exprime directement.
Yvan, 28 novembre 1993, (cassette 384-face A).
Merci à Marie-Pierre…de Chalias pour la transcription de la cassette.