Le Magicien
Un jeu de cartes entre ses mains, belles et fines, caressantes et pleines de tendresse quand le bonheur se profile devant lui, dur et empli de violence lorsque cette même vie le frappe en plein être comme ce fut il y a ... et ce temps qui n’existe plus, et ce temps de l'amour perdu, qui ne sait pas, qui ne sait plus, qui s'arrête, hésite et reprend son chemin fait de rides et de larmes intérieures, ce temps l’avait assis et lui demandait de regarder son jeu en posant ses cartes sur le guéridon de sa vie.
Au fait, elle dure depuis quand sa vie ? depuis quand est-il né ? A-t-il eu des « joker », est-il beau, plein de vie ou bien refermé sur sa tristesse ? Ces questions étranges font une farandole dans ses pensées, tout se bouscule, les mots se prennent la main pour faire la danse de sa vie.
Sur ses cartes brutalement apparait son passé ... enfin ce qu'il en voit et d'une main tremblante il en tire une, juste pour voir, par curiosité et là, son cœur bondit, se serre, explose, implose, son maître est là, devant lui avec son petit sourire posé sur son être de lumière, beau comme ce dieu qu'il attend depuis la nuit des temps. Remis de sa surprise, il en tire une autre, sa Belle, son Amour, fait de la folie de l'homme de quarante ans qu'il était, elle lui apparait telle une étoile filante, pleine des vœux de l'inconscience de cette course au bonheur. Puis encore une autre, celle-ci est peinte aux couleurs de la douleur des séparations et des pertes, puis le jeu des cartes s'enfonce dans sa vie de plus en plus profondément sans concession.
Mais au fait, c'est lui qui tient les cartes en mains, mais qui les distribue ? Quel est ce Dieu qui nous oblige à la conscience ? Et qui, sur lui-même ne veut rien savoir et repeint la vérité de chaque instant ?
Comme à son habitude, ses mains trient avec agilité les cartes pour en faire un bouquet de fleurs, un brouillard de couleurs, si épais que l’on s 'y perd. Au début de sa vie, la douleur était sans doute trop forte, alors pour en faire son amie, son innocence jouait avec les couleurs tamisées par les couvertures de son lit de pleurs et d'incompréhension, ces lumières que nul ne voit et avec lesquelles notre monde, nos mondes se rencontrent. Peinture en fond, dans lequel notre vie vient prendre ses racines, terreau de notre histoire et lui, le magicien, qui se pensait libre, et bien non ! .
Dominique