Coin coin

Publié le par lesamisdelami

      Bandeau coin coin

 

Cet été aux Damias, à la question "qu’est-ce-que j’attends de l’assemblée ?", voici la réponse qui m’est venue.

Pendant l’écriture de cette histoire j’ai entendu plusieurs fois le rire d’Yvan.

 

 

Après que le Soleil eut créé le monde, il envoya, sur terre, des fils de lui-même, pour qu’ils reconnaissent entre eux et en toutes choses le feu de la Vie, de l’Amour et de la Joie.

Ils seraient Ses jambes, Ses bras, Ses yeux, Ses oreilles et ils serviraient Son Intention.

Leurs tâches seraient dures mais leurs cœurs se souvenant du feu sacré seraient reconnaissants.

Son intention descendue et reconnue sur terre prendrait corps, alors Il pourrait voir, entendre, sentir, son Œuvre et ce serait son repos.

 

Il se dit que si, en plus, Ses fils pouvaient chanter quelques chants Divins ou sacrés, cela lui mettrait les orteils en éventail.

Alors ils chanteraient la Vie dans un accord parfait… naturellement.

 

Il choisit de poser son fauteuil aux abords d’un étang.

Cet endroit serait un coin de paradis, un petit coin, un coin coin en quelque sorte.

 

Ainsi  Ses fils prennent la forme de canards (ce qui semble le plus adéquat pour le coin coin du paradis).  

 

Les canards sont toujours contents et gentils, dans l’étang on entend, coin coin mon frère, coin ma sœur, coin coin nous sommes super gentils, et nous super serviables et nous super doux et nous super polis et nous super généreux et nous tout le portrait de notre père… et d’une seule voix ou d’un seul coin coin (en effet) ha c’est merveilleux, ha c’est formidable !

 

C’est sans compter sur ce grand gaillard à la langue bien pendue et à l’aiguillon  affuté, qui arrive quand tout est fini et qui va titiller tout ce qui n’est pas achevé, tout ce qui est inconscient.

Et  justement quand Le Diable passe par là, il trouve que les canards n’ont pas l’air tellement éveillés.

Le Diable ne se reconnait pas du tout dans ces canards-là,  pourtant lui aussi vient du Soleil… Alors, le soleil se serait planté ?

Attend-Il quelque chose de lui ?

 

Il ne le sait pas, mais dans le doute, plutôt que de rester planté comme un jonc, il raconte aux canards qu’ils sont bien plus importants que le Soleil parce qu’ils ont le choix de ce qu’ils font, qu’ils sont beaucoup plus beaux avec leurs belles plumes et qu’ils chantent bien mieux que le Soleil qui d’ailleurs n’a même pas de bec.

 

Et le diable se demande (à haute voix) pourquoi les canards servent l’Intention du Soleil,

Qu’elle est l’Intention du Soleil ?

Qu’attend-Il de ses canards ?

Qui est-Il ?

Que peut-Il faire ?

Où est-Il ?

 

Prend-il ses canards pour des alouettes ?

Les canards se mettent à réfléchir…

-       Pourquoi le Soleil n’est-il pas descendu sur terre ?

-       Pourquoi le Soleil ne s’est-il pas fait des pattes et une voix ?

-       Pourquoi le Soleil a-t-il sacrifié des fils de lui-même au risque de les perdre en les envoyant sur terre ?

-       Pourquoi leur demande-t-il de s’aimer les uns les autres au lieu de l’aimer Lui ?

-       Qu’est-ce que le Diable vient faire dans cette histoire ?

 

Peut-être que le Soleil les laisse libres de choisir ?

Peut-être que le Soleil ne les aime plus…

Comment savoir ce que le Soleil attend d’eux ?

De toutes les façons les canards n’ont pas besoin de Lui, pour manger, chanter, ni pour se graisser les plumes.

 

Alors le diable en rajoute,

- « N’avez-vous pas envie d’être votre propre maître ? »

- « Votre vie serait beaucoup plus intéressante, vous vous sentiriez forts, puissants, intéressants et vous auriez tout ce que vous voulez. »

 

L’aventure tente les canards, le diable leur a promis tant de bonnes choses…

 

Plus l’amour du Soleil s’estompe et plus les canards se sentent les maîtres,

D’eux-même, de leurs destinées, de leurs bonheurs,

De l’étang,

Du monde.

 

Chacun sent qu’il y a un maître en lui et cette impression de puissance est exaltante.

En fait le monde leur appartient… ils n’y auraient pas pensé tout seuls !

 

Et pour l’amour inconditionnel qu’ils ont perdu ?

Le nouveau maître leur promet : la puissance assure tous les bonheurs du monde quand on les désire.

Est-ce que les canards ont envie d’être importants et d’avoir tous les bonheurs du monde ? Oui bien sûr …le choix est fait.

 

Alouette je t’ai bien plumée.

 

Maintenant les canards ne sont plus aimés pour eux-même, ils ne savent plus qui ils sont, comme ils ne sont plus aimés ils doutent d’eux-mêmes et de tout, se trouvent trop nuls ou pas doués pour être heureux ou aimés.

Cependant une petite voix au fond d’eux leur dit : « bats-toi pour exister, va de l’avant, va jusqu’au bout de l’aventure ».

Ils partent dans la vie comme on part au combat, chacun à sa manière.

 

Et quelque chose en eux se contracte et se ferme… Toute leur attention se porte désormais sur ce qu’ils doivent faire ou avoir pour être important et heureux.

L’importance a pris la place du service et leur bonheur la place du cœur.

Il s’en suit un basculement des canards hors d’eux-mêmes au sens figuré comme au sens propre et ils se retrouvent la tête dans les eaux troublent, alors on ne voit plus des canards que les croupions, c’est-à-dire leur égo au-dessus de l’étang.

 

Les yeux pétillants de sa Mission accomplie, le diable se dit « décidément sans moi, le monde tournerait en rond ».

 

A Sa grande surprise, quand le Soleil contemple son Œuvre, il ne voit que l’envers du décor :    

Un étang rempli de gros derrières, chacun faisant des efforts pour paraître plus important que les autres.

Damned ! Mes canards ont écouté le joueur de pipeau.

Mes canards ont basculé dans l’oubli !

 

Le Soleil se dit que les canards vont vite se rendre compte qu’ils se sont fait avoir, puisque au lieu de chanter mieux que tout le monde, le bec dans l’eau ils ne font que des couacs ; ils ne sont pas heureux parce qu’ils sont tous seuls et que maintenant ils luttent durement les uns contre les autres pour être le plus important. Ses canards ne sont pas si bêtes quand même !

Il se dit qu’avec un peu de patience les canards vont revenir tout seul à la surface, que ce n’est qu’une question de bon sens (cette blague lui réchauffe un peu le cœur).

 

Mais en vain, les canards vivent sous l’eau et se suffisent manifestement, se satisfont d’un petit ver, d’un peu de confort ou d’un lissage de plumes. Leurs cœurs se sont endormis et ils L’ont oublié…

Il est donc nécessaire que les canards se réveillent.

 

Alors le Soleil décide d’envoyer la lumière de Ses rayons sur les canards, afin que touchés par cette dernière leurs cœurs se rappellent d’où ils viennent et de Son amour pour eux.

Il décoche alors de nombreux rayons.

 

Le plan ne marche pas vraiment, car tantôt Il tire sur les croupions, tantôt dans l’étang, créant une grande confusion sur Son Intention et de vives protestations.  Mais Il n’arrive pas à leur rappeler leur origine.

 

Plein de compassion pour les canards et parce qu’Il comprend que ce sera long et douloureux pour eux de se retourner, Il envoie un rayon appelé Mama, venue de lui-même (parce que venue d’ailleurs ce serait sans doute un problème de plus).

 

Elle est son cœur.

Elle les accueillera tous, qu’ils soient à l’envers, un peu terribles, un peu blagueurs, un peu mal foutus ou qu’ils se racontent des tas d’histoires. Dans Son cœur ils se sentiront aimés et dans cet amour ils oseront prendre le risque de se retrouver.

 

Pour la circonstance, Mama arrive avec une recette de pâtisserie divine (pour calmer les douleurs et les mécontentements).

 

Contagieuse du Mystère, les canards se demandaient qui sommes-nous alors pour avoir une Mama comme ça !

Mais cela ne suffit pas à les remettre dans le bon sens.

Pourtant quelque part au fond des canards reste le souvenir de la joie et de la paix qui sont leur nature, le souvenir qu’ils sont tels que le Soleil les a créés, ils se savent aimés, le soleil aime toutes ses créatures.

 

Le Soleil décoche encore quelques rayons.

                                                                     

Les canards en ont ras les plumes et sont prêts à tout pour que les humiliations cessent, alors ils tiennent conseil.

 

Après un long débat dans l’étang, les canards sont d’accord pour dire qu’ils n’ont rien fait pour mériter ça, que ces tirs sont une vraie calamité,  que c’est profondément injuste et qu’avant les croupions étaient très beaux et qu’avant ils étaient heureux etc. Il faut donc trouver la source des embêtements et que ça cesse.

 

Et tous se mettent à chercher la lumière dans l’étang, là où ils l’ont aperçue !

 

Après bien des recherches infructueuses et alors que les croupions sont toujours sous le coup de tirs impétueux et sentent le roussi, ils déduisent que la lumière vient d’ailleurs, d’un endroit inconnu, il convient d’envoyer quelques parlementaires afin de savoir ce que la lumière veut en échange de la fin des bobos et des malheurs.

 

Choisissant dans l’étang les canards les plus forts (à cause de l’exercice physique), il fût demandé aux élus pas tellement heureux (hé vas-y toi.. !) de lever les pattes vers la lumière et de les agiter en guise de drapeaux pour parlementer.  C’était un gros changement, au lieu de se cacher pour échapper aux tirs, ils disaient : hou hou ! nous sommes là.

C’était s’exposer au danger, c’était prendre le risque de l’autre, c’était dangereux de vouloir rencontrer l’inconnu ! Mais il fallait que ça cesse.

 

Cet exercice ne donnant rien, ils se mirent de plus en plus nombreux à agiter les pattes, et puis avec de plus en plus de conviction et de stages…

Tout y passa,  les petits devant, les chaussures marquées sur le dessous de : je suis là pour les uns, c’est moi pour les autres ou encore, paix, love, allez l’OM (on sait jamais) etc.

 

Ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus convaincus  que cet exercice va leur permettre de sortir de cette situation, alors ils redoublent d’ardeur.

                                                                           

                                                                                             Catherine

  A suivre ...

 


Commenter cet article