Les dix ânes
Histoire telle qu'elle fut racontée par YVAN :
Dans la région où habitait Nasrudin, il y avait un paysan qui travaillait tous les jours avec ses ânes,
il avait dix ânes et le soir, à la fin de sa journée de travail, il ramenait les ânes au champ où il avait l’habitude de les attacher chacun à un piquet pour les laisser la nuit se reposer, manger ; il les récupérait le lendemain.
Et ce soir là, il a ses piquets, ses cordes et commence à planter un piquet, attache le premier âne, puis le deuxième… le neuvième, il arrive au dixième, il n’a plus de corde…
Il ne sait pas trop que faire avec son dixième âne ; il est là, perdu dans ses pensées, il ne peut pas en attacher deux ensemble, ils n’auraient pas assez d’herbe, ils vont se battre, c’est alors qu'un peu plus loin, il voit Nasrudin assis sous un arbre en méditation, il s’approche de Nasrudin, connu pour sa sagesse ;
à lui, je peux demander un conseil, se dit-il.
- Je suis désolé de vous déranger, j’ai un problème, alors il lui explique son problème, j’ai dix ânes et neuf cordes,
Nasrudin réfléchit un moment et dit :
- Tu n’as qu’à faire semblant de l’attacher.
Le paysan est un peu incrédule mais c’est Nasrudin qui le dit, un grand sage…
Il revient vers son âne, plante le piquet, le regarde droit dans ses yeux, fait semblant de passer la corde autour du cou de l’âne et s’en va, sans se détourner pour ne pas éveiller de soupçon chez son âne.
Le lendemain, quand le paysan revient, il est un peu inquiet, mais tous les ânes sont là.
Il les fait partir, mais rien à faire un n’avance pas, ne veut pas bouger alors il se dit, il me l’a ensorcelé, ce n’est pas possible !
Regardant un peu plus loin, Nasrudin est toujours là sous son arbre.
- j’ai à nouveau un problème, j’ai bien fait ce que vous m’avez dit de faire mais maintenant mon âne ne veut plus s’en aller.
- Nasrudin le regarde et lui demande :
- Est ce que tu l’as détaché ?
- Ben non, je ne l’ai pas détaché puisque je ne l’ai pas attaché.
- Toi, tu le sais mais lui ne le sait pas.
L’enseignement du Gourou, c’est de faire semblant de nous détacher, mais nous, nous croyons par toute une série d’artifices que nous sommes attachés, aliénés.
Fondamentalement nous sommes libres autant que cet âne.
La condition dans laquelle nous sommes d’être entravés, aliénés fait qu’il y a là, la nécessité d’un enseignement faisant semblant de nous détacher.
Yvan