La souffrance, c’est l’autre

Publié le par lesamisdelami

La souffrance, c’est l’autre
La souffrance, c’est l’autre
Profondément, sentez cela.
La souffrance, c’est l’autre, c’est toujours l’autre.
Pas d’autre, pas de souffrance.
 
Nous sommes terriblement attachés à l’autre, parce que l’autre c’est la permission d’exister : dans le regard de l’autre nous existons.
En quoi est il à l’origine de notre souffrance ?
Il est nécessaire de passer par l’intimité, par la vision de ce qui structure véritablement notre expérience.
L’autre  apparaît sur le territoire, devient responsable d’une certaine façon de notre refus de la situation et de notre souffrance et ce n’est que dans la mesure où nous, nous allons pouvoir totalement adhérer à cette situation que l’autre va véritablement disparaître.
Reconnaître déjà  que notre souffrance est liée au refus de la situation. Mais cela, demande vraiment  une fréquentation, une intimité avec cela.
Cette situation se répète, nous répétons, nous générons le même type de situation constamment.
Tout le processus du refus, de la souffrance, en découle. Mais à aucun moment nous ne pouvons nous,  décider d’accepter cet autre qui apparaît être le responsable de notre souffrance, nous ne le pouvons pas.
C’est pourquoi si dans un enseignement, on vous demande d’accepter, on va en fait renforcer ce processus–là, parce que vous allez vous culpabiliser et vous refuser, vous, de ne pas pouvoir accepter cela. La seule chose  que l’on peut vous demander, c’est  de voir cette situation, sans essayer de la modifier, de la transformer, l’important c’est de voir.
Et ce n’est pas parce que l’on voit une situation, que l’on est intime avec, 
que l’autre va disparaître, il ne faut pas attendre cela.
On connait la réponse, on sait que la souffrance c’est l’autre et que la conscience d’éveil ne connait pas la souffrance parce qu’il n’y a plus d’autre.
Ce qui ne veut pas dire que l’on ne lui pique pas son territoire.
 
Un couple, c’est deux autres qui sont face à face, chacun avec son histoire.
Vouloir simplement normaliser leur rapport, ce n’est déjà pas une affaire  toute simple, à mon avis c’est une histoire impossible.
Deux autres ensemble, en chemin, s’éveillent peu à peu au fait qu’il n’y a pas de relation heureuse, que cela n’existe pas, c’est un mythe entretenu par des tas de publicités mensongères et c’est peut- être l’un des drames les plus aigus de notre vie relationnelle, de notre vie affective, sentimentale et psychologique. On s’empêche véritablement de vivre.
 
Notre histoire sociale aujourd’hui a obligatoirement eu besoin de générer ces schémas-là. Maintenant, sur le chemin, on est obligé de dénoncer ces schémas et ce n’est pas confortable non plus. C’est sûr que quand on a cru, de toute bonne fois, que l’on allait réussir sa vie en réussissant, entre autres, son couple et que l’on s’aperçoit ou que l’on commence à pressentir que la relation heureuse n’existe pas  telle que l’on nous l’a promise, présentée ; il y a quelque chose qui fait mal en nous parce que l’on avait aussi besoin de cela.
Parce que l’autre, qui est la souffrance ...on a même choisi de se marier avec !
C’était plus facile d’exister en étant deux. Il est important que sur le chemin que cela soit vu.
 
Notre chemin est un chemin de deuil. Le mariage c’est l’annonce d’un deuil.
La mort n’est rien, le deuil c’est ce qu’il y a de plus important.
La vraie mort c’est le deuil. Notre expérience de la mort c’est la rupture, l’arrêt. Jusqu’à présent, vous n’aviez qu’une seule mort à redouter, c’était la dernière, mais sur ce chemin-là vous allez être confrontés à une mort permanente.
 
Le deuil  de la relation est bien plus différent à vivre que la mort de la relation. Nous qui sommes en relation avec un maître, quand on prend de plus en plus conscience qu’il ne peut pas y avoir de relation heureuse, on fait le deuil de toute une histoire, de tout un investissement affectif. Ce deuil-là est très difficile à vivre. Il ne peut se vivre que, dans le contexte d’un chemin qui annonce le réel  comme l’amour où l‘autre n’existe pas mais où il y a un sentiment d’Unité, où on prend de plus en plus conscience que relation signifie communication. Nous pouvons développer les moyens de communications de la façon la plus sophistiquée qui soit, deux solitudes ne pourront jamais se rencontrer, jamais.
Si un couple a un sens, que ce soit le couple homme-femme, le couple parents-enfants, le couple instructeur-disciple, c’est justement pour aller au-delà de cette relation d’attente réciproque.
Pour pouvoir véritablement sentir l’impossibilité du projet communiquant, à savoir que deux solitudes ne communiqueront jamais, il faut communiquer pour le voir !
 
Si l’on regarde bien, tous les moyens que l’on développe pour communiquer entre nous n’ont d’autre but  que d’abolir la distance et ultimement d’abolir la séparation...et ce n’est pas possible ; la communication ne peut pas abolir une distance entre deux solitudes.
 
Nous avons investi dans des croyances, la relation allait nous permettre de connaître ceci ou cela.
On ne peut plus alimenter le processus mythique de l’autre, complément de l’autre que nous sommes pour faire Un, l’Un n’est pas un autre plus un autre.
Pratiquez l’intimité avec cela, dénoncez le faux et dénoncer le faux ne prend son sens que si le vrai est énoncé.
 
Sentez que l’autre n’est pour rien dans votre petite histoire, alors vous savez que vous n’êtes pour rien dans son histoire.
Le mendiant n’a de place que pour accueillir l’objet qu’il convoite.
Le chercheur pressent l’Unité, la non-séparation et quand il se tourne vers l’autre ce n’est plus comme un mendiant, c’est un geste gratuit de reconnaissance.
 
                   Yvan, K7, 55
 
 

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