L’hospitalité, l’accueil
Accueillir, c’est accueillir l’autre, que l’autre soit une situation, un évènement, ou l’état dans lequel on se trouve, et, le lieu privilégié de l’accueil c’est la relation avec le semblable, l’humain.
L’accueil est le lieu privilégié de reconnaissance dans la relation consciente.
L’accueil commence dans la simplicité d’une relation, où le regard que l’on porte sur l’autre, parce qu’il est un regard en quête de reconnaissance de l’Un est un regard de dignité.
La première hospitalité, c’est l’hospitalité qui accueille l’étranger, l’inconnu, l’autre, pour lui permettre en un premier temps de venir pousser en nous les portes que l’on laisse si souvent fermées. Peu à peu, ce que la vie de séparation perçoit comme un risque, se transmute en expérience vécue, le sentiment d’une parenté nous fait ressentir une confiance, un sentiment qu’on ne peut expliquer et qui relève déjà d’une reconnaissance.
Lorsque tu accueilles l’autre, dans un premier temps, ce que tu vas voir, c’est ta réaction à l’autre. Alors, lorsqu’on dit accueillir l’autre, ce n’est pas vraiment accueillir l’autre, c’est accueillir le provocateur de ta réaction. Et par la suite, vivre, nous, avec cette réaction, c’est donc obligatoirement s’accueillir soi.
Parce que je réagis, je peux déduire : oui l’autre est un autre, ce n’est pas l’UN.
Et l’autre est cet Un qu’il va falloir reconnaître, dévoiler.
Prendre le risque de l’autre, traditionnellement cela se traduit par l’hospitalité, l’accueil de l’inconnu, de l’étranger, de l’autre, parce que l’autre est cet UN qu’il va falloir reconnaître et dévoiler.
Ces trois dernières lignes sont extraites de la page 100 de l’effort et de la grâce
Le propre de l’accueil, c’est d’être intelligent, c’est plus qu’être intelligent, c’est être Intelligence.
Pratiquant l’accueil, l’Intelligence au travers de l’accueil grandit. Nous, nous ne connaissons dans le refus que la mémoire liée aux expériences antérieures, à la façon de se protéger, à la façon de gagner, à la façon d’être meilleur, nous nous ne connaissons que ces stratégies-là.
L’accueil, au sens où nous l’entendons ici, ne connaît pas les stratégies, il est le lieu où grandit
l’Intelligence ; et cette Intelligence joue, invente...
Elle n’est pas liée à la mémoire, aux refus, aux stratégies.
Cela, c’est très subtil, évidemment.
Pratiquer l’accueil renvoie à l’obligation de conscience dans la relation, et à ce qui va grandir au travers de cela. C’est du concret.
Enfin, la discrétion, le secret sont des nécessités.
On ne dévoile pas, chacun dévoile pour lui-même. Nous sommes tellement habitués à partager pour montrer, pour convaincre, ce prosélytisme est la pire des choses !
Etre présent au rendez-vous, avoir cette qualité d’accueil, c’est la base de la vraie mission. La mission ce n’est pas posséder une connaissance qu’on va répandre et trop souvent imposer aux autres. La mission apparaît quand on sait être au rendez vous, quand on est avec l’autre, quand on est là, qu’on écoute, l’autre devient peu à peu dans notre qualité d’accueil la révélation de plus en plus précise de ce dont les deux ont besoin et la mission à ce moment là se fait toute seule, c’est répondre à ce besoin, à cette demande…
Et quand je grandis, ça grandit, je ne peux pas grandir seul.
Pratiquer l’accueil, voilà ce qu’Yvan nous a transmis, c’est un engagement, c’est une exigence envers soi, envers la vie et cela donne une qualité à notre présence.
Pour nous prier, c’est faire ce que l’on doit.
Cette pratique efface le pratiquant !
Prendre le risque de l’inconnu, de l’étranger, c’est prendre le risque de la vie.
L’instant est toujours inconnu.
Etre rassemblé, tenir la présence, la vigilance, découvrir la simplicité de relations humaines vraies.
Cette pratique consiste à faire de chaque relation l’occasion de nous renvoyer d’abord à nos mécanismes égoïstes et d’entrer alors dans une relation où ce qui importe n’est ni notre bonheur, ni celui des autres mais ce qui grandit entre nous et nous grandit.
Là est la responsabilité que nous devons assumer.
La relation avec les êtres est le chemin,
On ne peut grandir qu’ensemble
Dans la vie quotidienne,
La pratique consiste à faire de cette relation un travail constant.
Yvan, divers enregistrements