Intuition et intelligence du Tout
Il existait en Inde, qui s’appelait Nagarjuna,
le Maharajah de la région où il vivait lui rendait visite quelquefois,
Il lui posait des questions sur le chemin, la pratique...
tout ce qui préoccupe un maharajah intelligent.
Ce jour là, il arrive, passe un moment près de lui, regarde Nagarjuna et lui dit :
- Quelle est la différence entre vous et moi ?
Quand je vous vois, je vois un homme comme moi.
Evidement, il y a quelque chose là,
mais profondément, où elle est la différence ? »
Nagarjuna le regarde et lui dit : Maharajah, vous êtes venu comment ici ?
- Avec un char.
Alors Nagarjuna lui demande de faire venir le char et de le faire démonter.
Le char démonté et les pièces toutes en tas, il lui dit : rentre maintenant !
- mais je ne peux pas.
- pourtant tout est là.
- oui, mais ça ne peut pas marcher comme ça.
Nagarjuna lui dit : Toi, tu es un peu comme ça, c’est la différence entre toi et moi, toutes les pièces sont là aussi, mais en cet état cela ne peut pas marcher.
Voilà la différence, tu es en pièces détachées, moi je suis en une pièce.
L’intuition, c’est l’intelligence de l’ensemble du char. Il n’y a rien de plus.
Il n’y a pas une pièce supplémentaire qui s’appelle l’intuition ;
ce n’est pas une nouvelle option sur la dernière Mercedes !
Nous sommes comparables au tas de pièces séparées, livrés sur terre en kit,
ce qui est extraordinaire, c’est que notre expérience du kit ne peut présider au montage du char global !
L’expérience que nous avons du char en kit, ne peut pas à elle seule permettre naturellement l’assemblage, la réparation de ce qui était séparé.
Le tout est plus que la somme des parties, il est aussi l’intelligence de l’ensemble.
L’intelligence de cet ensemble-là est antérieure à l’existence des parties.
L’’intuition est l’intelligence issue de cette conscience de l’ensemble.
Chaque pièce du char n’existe en fait qu’en fonction de l’’intelligence de l’ensemble,
chaque pièce du char porte en soi l’intelligence de l’ensemble, la partie est garante du tout. Dans chaque partie il y a la possibilité du tout.
L’enseignement va nous faire pressentir l’intelligence de l’ensemble, l’intelligence de la structure qui relie.
Les soufis ont toujours évoqué cela en proposant comme témoignage de leur chemin, le manteau rapiécé qu’ils cousent constamment avec le fil qui relie.
C’’est dans la mesure où l’on va retrouver dans la partie, non pas notre appropriation de cette partie mais l’intelligence du tout qui s’y manifeste.
Peu à peu grandit en nous l’intelligence globale du char, intelligence qui va présider à la remise en place des différentes parties.
Notre tête ne peut pas comprendre. Cette intelligence n’appartient pas au processus linéaire de la mise en place du char.
Lorsque toutes les pièces sont étalées les unes à côtés des autres,
Nagarjuna dit au Maharajah qu’il peut rentrer avec son char puisqu’il est là complet, qu’il ne manque aucune pièce.
L’intelligence de l’ensemble n’a rien à voir avec l’addition des parties.
IL y a là, la reconnaissance de l’Intelligence qui préside au montage du char, l’intelligence de la foi, de l’intuition...