"Le mystère de l'Un, c'est d'abord le mystère du deux".

Publié le par lesamisdelami

Sont réunis dans cet envoi, quelques textes, trop de textes pour une parution...mais nous devons publier sous peu, une invitation à nous rejoindre aux Damias, et trois textes préparant cette rencontre...( équipe du blog)
Détail du tableau de G. Klimt

Détail du tableau de G. Klimt

L'enseignement, c'est une caresse de l'âme,
c'est aller toucher votre âme avec une parole dans laquelle l'âme se reconnaît.
L'enseignement vous touche parce que l'enseignement est une parole qui caresse votre parole.
 
La caresse est l'occasion extraordinaire du deux conscient.
 
La mère caresse son enfant, c'est la première relation que nous ayons eue.
La femme apprend à l'homme à caresser, c'est une des premières expériences de relation consciente que nous ayons dans la vie.
 
La relation se découvre dans la caresse,
elle est l'occasion d'intimité avec le mystère, le mystère du deux.
 
Redécouvrir la caresse.
Retrouver un contact avec notre schéma corporel,
Se réconcilier avec notre histoire personnelle dans la relation d'amour.
Nous aspirons tous à ça.
On ne se touche plus, on ne se regarde plus, on ne se caresse plus.
Une main qui se pose sur un autre corps, une main qui prend une autre main,
c'est l'hospitalité, c'est l'accueil.
 
La relation c'est l'accueil, et l'accueil c'est le contact.
La caresse c'est l'autre comme opportunité de la découverte de l'Un.
 
Une main peut donner, une main peut prendre.
Une main de massage va vous réconcilier avec un corps dont on ne reconnaît
plus que l'image, la photo ou un reflet de vitrine ; un corps qu'on n'habite plus, qu'on ne possède plus, qu'on maquille, qu'on déguise, qu'on ne connaît pas,
qu'on n'aime pas.
On ne se touche plus, une femme veut être caressée, elle exige d'être caressée ; pour nous les hommes, La femme est le guru suprême.
 
La caresse est un risque parce qu'on s'aperçoit que le corps qu'on caresse
a des reliefs inattendus ; aller toucher un corps est un grand risque,
c'est vraisemblablement pourquoi on ne se touche plus ;
l'homme se protège de ce risque, trouve le corps mauvais,
c'est dangereux pour la tranquilité parce qu'il dit ce qu'il est,
et le simple fait de dire ce qui est, oblige à ce qui est,
ou oblige à voir comment on négocie  ce qui est, pour n'être pas.
Peur de l'autre, 
Peur de l'engagement,
Désertion : dans notre désert, quand nous y sommes, pour Lui, le désert n'est plus ! 
Le toucher vrai
Le préssentiment du Réel n'a pas d'objet,
le préssentiment de la Réalité est la Réalité.
Quand je touche un morceau de bois,
au travers du toucher je sens le morceau de bois, ses qualités ;
puis en conscience, la relation entre le bois et moi il n'y a plus de séparation, le toucher est la relation, le toucher est la nature de la Réalité, cela s'apprivoise.
La croyance a un objet,
la foi est sans objet, elle est nature de réalité, elle est relation.
On a besoin pour avoir une relation
de se créer une représentation de ce avec quoi la conscience relationne.
Le corps "physique" disparait en tant qu'objet et
devient processus vivant de la sensation.
Le corps "émotion"... devient processus vivant de l'émotion,
bien différent de la réaction émotionnelle.
Quand il y a conscience, je suis processus vivant, je suis vivant de ce qu'il est vivant. Je ne peux faire de ce processus un objet.
On n'est pas transformé, le processus rend transformant, sans souci d'appropriation.
 
Question :
- Pouvons nous donner du sens à notre vie en utilisant notre corps ?
Réponse d'Yvan
- D'abord par le toucher. Si nous exerçons ce sens, il peut nous apprendre beaucoup, car le corps ne ment pas.
Lorsque nous nous trouvons dans la détresse quelqu'un nous touche, nous nous sentons aussitôt soulagés. De même, ce que nous avons compris de la vie sera ressenti par l'autre si nous l'exprimons avec notre corps.
Aujourd'hui, nous touchons la vie du bout des  pour ne pas dire du bout du cerveau.
Les voies spirituelles traditionnelles, de même que le gentil bazar new-age,
nous proposent de multiples techniques.
Plus elles sont complexes, ésotériques, voire occultes, plus nous avons l'illusion d'être savants.
C'est oublier qu'il existe des pratiques beaucoup plus simples, comme marcher, respirer une fleur, toucher un arbre ou découvrir l'intimité des rythmes d'un corps.
Vivre cela, c'est sentir l'immense et magnifique cadeau que la vie nous offre à chaque instant et que le corps ressent en premier ;
plus tard viendra le tour du coeur, puis celui de l'esprit.
Si le corps n'y a pas encore été sensible, c'est que la peur l'anime,
qu'elle conditionne et dirige la vie. C'est donc  le corps qui dirige la vie.
 
Plus loin, dans ce même livre, "l'Effort et la Grâce",  édition Albin Michel 1999, page 110 et 120) Yvan dira :
 
- L'esprit est prompt, la chair est lente.
  Acceptons l'horloge de la chair.
Le corps est construit pour l'action et c'est un système qui s'articule autour des organes d'échange : il est corps de relation.
Je suis donc porté par nature à entrer en relation. La vie toute entière est animée d'un projet qui m'oblige à entrer en relation avec ce qui est ;
je ne peux pas me fermer.
La relation, vécue de façon consciente,
est la pratique de l'obligation de conscience dans la voie du monde.
 
Un projet intelligent pousse les êtres à se rencontrer, les pousse à dépasser, dans des moments de grande lucidité et de grande conscience,
le petit monde de leurs intérêts personnels.
 
La relation entre deux corps, un lieu magique
 
La relation entre deux corps est un lieu magique d'écoute, le toucher relationnel, en profondeur ; la caresse réconcilie l'autre, révèle l'Un lorsque la caresse est le geste du coeur.
En réconciliant l'autre avec lui-même, il révèle l'Un, c'est le toucher de vérité.
Dans une démarche de qualité, on touche vraiment en étant vulnérable, ce n'est plus un toucher égoïste, c'est un toucher sacré.
On touche avec tout son corps, on rentre dans l'intimité de deux êtres, cela implique la présence des émotions, ça laisse apparaître tout ce que l'on a le plus habillement camouflé. Je montre ce que je n'aime pas de moi. Là le toucher devient un travail. C'est un toucher conscient, un toucher de transformation.
Bien souvent, on va toucher ailleurs au delà de cette limite....
Avant plaisir, moments merveilleux ; au delà de la frontière, il y a amour.
Notre être tout entier est attendu.
 
La vieillesse
"L'elixir de jeunesse ce n'est pas changer son corps, c'est amener l'amour dans la vieillesse ; le véritable élixir que transmet le yoga, c'est l'amour de la vieillesse.
Regardes comme nous sommes nuls ici par rapport aux vieillards,
ils sont planqués, ils crèvent dans leur coin ; exit les vieillards.
Et que je te remonte un sein, et que je te déride,
voilà le drame de la vieillesse, l'incapacité de voir la beauté dans ce qui est.
 
Yvan a raconté plusieurs fois la rencontre, dans un avion, avec soeur Marie ermite, habillée de gris : "elle était un soleil, c'était la vieillesse totalement reconciliée ; elle rayonnait de cette beauté de l'éveil, d'évidence,
tout son corps était espièglerie divine, c'était une vieillesse lumineuse.
En même temps sur l'écran, il y avait un film avec Brigitte Bardot...
et je ne pouvais m'empêcher de regarder par là aussi...
Je regardais cette femme superbe,  je regardais Soeur Marie, et je me disais, c'est cette beauté-là que je choisis vraiment."
 
Et si l'on remplaçait viellir par grandir ?
Le processus qui se déploie tout au long de la vie s'arrêterait-il ?
Il nous appartient de réinventer cet âge de la vie, se réconcilier avec soi,
avec son parcours, ses erreurs, voir ses échecs comme des expériences,
aller vers l'état de joie, de paix ;
notre corps est le reflet direct de notre état de conscience,
entrer en relation amoureuse, par le regard, le toucher, l'écoute.
Prendre le temps de vivre, être l'occasion de donner de la vie, de rendre vivant...
Vivre avec son âge, revenir à soi comme seul référent,
s'extraire d'un système de croyances prêt à nous enfermer,
c'est un acte de liberté intérieure, qui s'exprime aussi bien dans le mouvement que dans le repos.
L'enseignement m'a conduite à entrer dans le "sans-âge".
                                                                                         Mireille
 
Autres documents sur le sujet
 
L'intimité avec ce corps, ces émotions, cette pensée, cette présence que nous sommes, cette intimité là est en priorité l'occasion de la reconnaissance, d'entendre cet appel qui va donner sens.
page  33, Yvan Amar, L'obligation de conscience, Ed , Le Relié, 2004
 
Incarner l'éveil jusque dans sa chair
 
Page 77 du même livre, vous pouvez lire Yvan parlant de l'enseignant,
 
" Plus cette Conscience s'est déployée à la fois  dans son esprit, dans son coeur, dans son corps, plus il vous touche, plus il sera contagieux.
Le plus grand cadeau, c'est la rencontre d'un tel instructeur,
qui incarne l'éveil jusque dans son corps, jusque dans sa chair.
Car si l'éveil est intégré en lui au niveau de l'esprit, c'est à ce même niveau que vous devrez le reconnaître, que vous pourrez l'entendre, le ressentir.
Il vous faudra faire un certain travail sur vous-même,
déployer une certaine qualité d'attention et d'écoute au niveau de votre propre esprit pour être "allumé" par cette lumière stabilisée au niveau de son esprit .
Si vous rencontrez un éveillé qui a intégré cette lumière jusque dans son coeur
et qui a de ce fait transformé le monde de ses émotions
- il n'est pas simplement la vision de sagesse de la lumière intégrée dans l'esprit, il est aussi ce don de compassion de la lumière intégrée dans le coeur
- alors c'est au niveau de l'émotion et du sentiment que vous pourrez le ressentir, si vous faites l'effort d'être réceptif, d'être  ouvert au niveau du coeur.
Si cet être a intégré cette lumière jusque dans son corps, jusque dans ses cellules, dans son sang, dans sa chair, alors c'est la bénédiction !
Parce que le simple fait que vous ayez un corps vous rend réceptif à ce corps allumé, à ce corps vivant et la contagion se fait naturellement,
de son corps éveillé à votre corps qui est là.
 
Un poème
Tout est perfection " Sarvam khalvidam Bhraman"
Alors le corps est perfection,
la pensée est perfection ;
Tout est Eveil.
Le serpent n'a jamais existé, que la corde, que la corde.
 
Extrait d'une toute première publication d'Yvan Amar
(S'ouvrir à la vie, premiers pas dans un pays sans chemin, ed Terre Blanche, 1995)
 
 
 

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