Le doute 3, suite
Le doute est le cadeau que nous fait la confiance pour nous empêcher de dormir dans une bienheureuse sécurité, riche de certitudes.
Nous avons naturellement peur de l’inconnu et nous cherchons sans fin des structures sécurisantes…
Nous aimerions que la confiance soit là, tout le temps. Le doute, notre compagnon d’aventure, remet en question tous les repères par lesquels nous espérons trouver la sécurité d’une certitude et cela si souvent...
Sécurité et certitude enferment, empêchent l’ouverture. Mais si nous regardons bien, nous sommes à même de dénoncer en nous-mêmes que la recherche de la sécurité et de la certitude est du domaine de l’avoir, de la victime, de la croyance au bonheur. Alors sécurité et certitude se révèlent dans leurs agissements. Rétrécissantes et enfermantes, elles s’opposent au grandir du Monde, à l’ouverture.
Dans la voie du monde, on ne chasse pas le doute, on ne le combat pas, on l’accueille comme un ami, et, dans notre intimité, nous sommes appelés à considérer pourquoi nous aimerions tant le voir disparaître.
Cette liberté ne dépend de rien, ne repose sur rien, tout est joie en ces instants là. Mais dès le lendemain, le travail reprend, les occasions de vérifier une nouvelle fois sont là...
Celui qui s’éveille à ce qu’il est, l’Inconnu, le Mystère, Cela même dont il avait peur, celui-là est libre.
Textes issus d'un travail fait auprès d’Yvan.
Mireille.
Le lézard
Un matin, alors que deux lézards cherchaient dans la cour d’une ferme un endroit où se dorer au soleil, ils avisèrent un pan de mur au-dessus de l’étable. Il l’escaladèrent pour s’installer en équilibre juste au centre du petit carré ensoleillé.
Ils étaient si bien sous la caresse des rayons du soleil que, oubliant leur fragile équilibre, ils s’assoupirent et tombèrent de toute la hauteur de l’étable.
La chute leur aurait été fatale si une jatte remplie de lait tout frais de la traite du matin ne les avait accueillis en bas. Ils se réveillèrent et, affolés, ils se mirent à nager de toutes leurs forces dans l’espoir de se sauver. Mais les parois de la jatte étaient si lisses qu’à chaque fois qu’ils essayaient de remonter ils glissaient.
Ils nagèrent dans tous les sens sans entrevoir la moindre issue.
Alors le premier lézard se dit : « A quoi bon lutter, on ne s’en sortira jamais… », et il se laissa couler, se noyant dans la douceur du lait.
Le second se dit : « Tant que je suis en vie, je n’abandonnerai pas la partie… »
Et il résista avec la force du désespoir, battant longtemps de ses pattes le lait qui se transforma en crème, fouettant longtemps de sa queue la crème qui se transforma en une belle motte de beurre ferme. Il n’eut qu’à l’escalader pour retrouver la liberté.
Conte arabe raconté par Nacer Khemir et qu'Alain nous a adressé